Pardon ; Erika Boyer

Fiche d’identité ;

J’ai été écrit par Erika Boyer et je suis de ces bouquins auto-édités. Je suis sorti le 8 novembre 2016, et je suis tout juste 208 pages à faire tourner. Si je t’intéresse, tu me trouveras au rayon des romans contemporains, sur l’étagère de la romance.
Synopsis ;

Tandis que le monde évolue et que la jeunesse fait preuve d’une plus grande ouverture d’esprit qu’avant, il reste tout de même des sujets dont il ne faut pas parler, des tabous qui ne sont pas prêts à être brisés. Mais quand l’inceste cache un amour inconditionnel, que deux âmes ont simplement eu la malchance de ne pas naître dans les bons corps, n’est-il pas envisageable d’accepter l’inacceptable ?

Will ne prendra pas le risque, il préférera partir à 600 km de sa soeur plutôt que de potentiellement l’entraîner dans sa déchéance. Reste à savoir si « loin des yeux, loin du coeur » est une réalité ou bien un proverbe menteur, et si Sarah acceptera de perdre son frère dans ce sacrifice amoureux.

« Je ne veux pas tourner la page. J’aime ce livre dont nous sommes les héros. »

Mon avis ;

Je tiens tout d’abord à remercier le site de Livraddict ainsi que l’autrice en personne, Erika Boyer pour l’envoi de ce roman dans le cadre des partenariats du forum sus-cité. Moi qui me tâte depuis un long moment à acheter Forbidden de Tabitha Suzuma — la seule chose qui me retient encore étant le niveau d’anglais qui est apparemment un peu plus compliqué que ce que j’ai eu l’habitude de lire jusque là —, lorsque j’ai vu qu’une auteure française venait de sortir un bouquin traitant du même sujet… Autant dire que je n’ai pas hésité plus de trois secondes avant de postuler pour le partenariat ! Je vais être aussi franche et directe que possible : je ne regrette absolument pas d’avoir bondi dessus comme une sauvage.

Vous l’aurez tous compris : ici, on parle d’inceste. Attention cependant, ce n’est pas l’inceste sale et malsain de relations forcées comme on en lit trop souvent les témoignages aussi bouleversants que répugnants — et là, je pense fortement à Ne le dis pas à maman de Tony Maguire qui m’a vraiment marquée et me trouble encore, des années après ma première lecture. Ici, c’est l’un de ces amours incestueux tendres, doux, marqués par la honte qu’imposent les normes de la société mais pourtant consenti envers et contre tout : rien n’est jamais forcé, tout coïncide si bien que l’on oublie quelquefois que Will — ce frère qui m’a paru si charmant et si simple à vivre que j’aurais bien aimé avoir le même — s’est entiché de sa petite sœur, plutôt que d’une femme qui n’aurait aucun lien de sang avec lui. Sujet tabou, certes, mais si bien mené que l’on n’hésite pas une seconde à fermer les yeux sur « l’anomalie » des sentiments que Will éprouve. Sentiments qui ne sont jamais jugés, jamais condamnés par l’autrice : elle écrit, elle raconte, sans jamais se laisser aller à la subjectivité de donner un avis tranché sur la question dans un sens comme dans l’autre. Bon point non négligeable du côté d’Erika Boyer !

C’était la première fois depuis longtemps que je désirais voir le jour se lever sur moi.

J’ai adoré les personnages. Tous, sans exception : ils sont humains, ils sont vrais, crédibles. J’ai l’impression de n’avoir que de la chance à ce niveau-là dans les romans que je lis actuellement, et ça fait un bien fou ! Will, ce jeune adulte qui fuit sa Bretagne et s’exile à Bordeaux pour tenter d’oublier sa sœur est terriblement attachant. On est plongé dans ses pensées grâce à la narration à la première personne, forcément c’est tout de suite plus facile de se mettre dans sa peau, de vivre ses émotions, d’aimer Sarah comme il l’aime et chaque fois un peu plus lorsqu’il parle d’elle et ajoute des détails à ce portrait qu’il dresse au fil de ses pensées vagabondes. Sarah, justement ; avec sa forte tête et sa détermination, malgré ses failles, ses doutes, ses peurs et ses incompréhensions lorsque vient le moment de confronter son frère : si c’est lui qui paraît fort aux premiers abords, finalement c’est sans doute la cadette qui sait le mieux ce qu’elle veut dans la vie. Ça me plaît, une fille comme ça, capable de vivre par elle-même si elle en a décidé ainsi, sans avoir à dépendre de personne sinon de ceux qu’elle a elle-même choisis.

Au niveau des personnages secondaires, toujours pareil : j’ai adoré le personnage de David. Il est léger, toujours au second degré, il ne se prend jamais au sérieux et c’est ce qui m’a fait tomber amoureuse de lui, je crois. Sa rencontre avec Will m’a bien fait rire, mais bon, allez, je suis gentille : je le laisse à Johanna. Ces deux-là sont parfaits, à tomber par terre, et leur histoire est tellement touchante que j’en aurais presque pleuré, si les conditions extérieures avaient été réunies — si je n’avais pas été dans le train à ce moment-là, notamment. Et puis Achir, et Ismet, Kelia, Luke, Stéphanie… Tellement de personnages qui m’ont conquise, chacun à leur façon — quoiqu’un de ces personnages secondaires m’a déçue, blessée même, vers la fin, mais on dira que c’est le jeu. Il fallait bien que ça arrive, ça rajoute à la crédibilité de l’histoire, c’était la règle du juste ton de ce roman, ce n’est clairement point une fausse note ici !

Enfin, la dernière ligne m’avait rendu nerveux. J’avais envie de lui dire que je crevais en son absence, qu’elle était mon tout, que sans elle je n’étais qu’une enveloppe vide, sans âme, et que je l’aimais outre mesure. Mais je m’étais contenté de banalités, aussi creuses que ma vie sans elle.

S’il fallait vraiment que je trouve d’infimes défauts à ce roman, ce serait sûrement des détails de surface que je me suis amusée à relever au fil de ma lecture. Des fautes de frappe, de petites erreurs d’orthographe ou des répétitions qui sont sûrement plus faciles à laisser passer lorsque l’on est auto-édité : « resemblance » à la deuxième page (celle des copyrights etc), « saint d’esprit » au lieu de « sain d’esprit » page 213, la répétition de « bienveillant » et « bienveillante » en 115, des choses comme ça. Enfin, ce sont des petits détails qui m’ont plus fait sourire qu’autre chose, qui n’ont pas vraiment dérangé ma lecture, je tenais quand même à les relever histoire de — parce que je suis bien connue en tant qu’enquiquineuse à temps plein, héhé.

Il n’empêche que j’ai apprécié à la plume d’Erika Boyer : douce, légère, elle se lisait tout simplement, les pages tournaient et on ne les voyait pas. Une fois lancé, il est difficile de s’arrêter dans la lecture entamée. Quelques phrases à la tendre mélodie, quelquefois déchirante, viennent se mêler au reste, poésie en prose qui m’a charmée. Elle traite de l’inceste sans le banaliser, sans non plus le rendre sale : elle brise le tabou sans accroc, sans vague, sans heurter — quoique ; quelques passages auraient de quoi déranger, sans doute, les âmes effarouchées, quoique même les déviances sexuelles en solitaire de notre cher Will sont écrites d’une telle façon que les lire ne crée par ce malaise étrange que l’on a quelquefois à laisser courir nos yeux sur des récits aux tendances érotiques. Chapeau bas Erika, c’est du grand art que voilà de pouvoir écrire ce genre de choses sans me rendre paranoïaque à l’idée que quiconque lise par dessus mon épaule quelque chose de compromettant.

Alors je pris mon mal en patience, j’affrontai les jours avec le coeur en miettes tout en organisant mon évasion, ma fuite vers une chute inévitable dans laquelle je ne voulais absolument pas entraîner ma petite sœur.

En bref, pour un premier roman, Erika Boyer fait fort : taper directement dans du dur, dans du tabou, dans un sujet de société si mal vu que l’on en parle jamais, il fallait oser… Et elle l’a fait ! Rien que pour ça, elle mérite tout mon respect. Quand bien même Pardon n’est pas un coup de cœur, il est une lecture que je recommande à tous ceux et toutes celles qui ne fuient pas les romances comme la peste et qui ont l’esprit suffisamment ouvert pour ne pas grincer des dents à l’idée qu’un frère puisse aimer sa sœur d’un amour un peu trop fort qui sonne faux dans notre société actuelle — un jour, peut-être, ça ne sera plus le cas ; qui sait ? Quoiqu’il en soit, pas de doute : prochain roman d’Erika Boyer, je veux le lire, peu importe le sujet et les enjeux. Elle m’a séduite par sa plume et son audace, et je ne veux rien d’autre qu’en lire plus.

Top & flops ;
c’est top ; sujet original, tabou, abordé de façon juste avec les termes qu’il faut, sans choquer, sans déranger, des personnages attachants, toute une palette de couleur parmi eux, beaucoup d’émotions à la lecture du roman, mais ça flop ; rien à redire par ici, je crois.
★★★★★ ; à lire au plus vite !
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4 réflexions sur “Pardon ; Erika Boyer

  1. Wouaaaah quel superbe avis ! Merci beaucoup ♡ Pour commencer, merci d’avoir lu, de t’être intéressée à mon livre et merci d’en dire tant de bien. Je suis ravie que tu l’aies apprécié.
    Merci aussi d’avoir relevé les erreurs. J’ai été vérifier et elles ont été corrigées entre temps, désolée que tu aies eu une version avec les fautes ;~; La première que tu mentionnes est due à mon fichier qui était en anglais et m’a tout changé —‘ les autres sont des erreurs de ma part xD
    Quoi qu’il en soit, ta chronique est super détaillée (et super bien faite, j’adore les extraits, la présentation tout ça **) et je te remercie encore une fois ♡

    Mon prochain roman sera plus léger, je voulais quelque chose de frais et sans prise de tête pour se détendre sans trop réfléchir. Le style est très différent mais j’espère que tu lui trouveras tout de même des points positifs. Sauf changements, il sortira en juin, pour l’été ; )

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    • Ahah ravie que mon avis te plaise ! xD Ce n’est pas grave pour les fautes ; pour tout avouer j’aime bien en trouver quelques unes dans les bouquins que je lis, ça me fait sourire, va savoir pourquoi !
      En tout cas c’est moi qui te remercie pour cette si belle découverte ; tu as de l’or au bout des doigts et j’ose espérer que tu ne t’arrêteras pas en si bon chemin ! J’ai hâte de découvrir ton prochain roman, je vais guetter juin et sa sortie à partir de maintenant ! xD

      Merci encore pour cette si jolie lecture que tu nous proposes là. ♥

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      • Tu es la première personne que je croise qui aime bien trouver des fautes ! xD
        Encore merci pour tous tes compliments et j’espère vraiment que mon prochain livre te plaira, même s’il est très différent !

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      • C’est peut-être un peu tordu, mais ça rappelle que derrière l’encre et les jolies phrases il y a quelqu’un d’aussi faillible que soi et que personne n’est parfait 😛
        Oh, ça va, je ne m’inquiète pas trop. A voir donc à sa sortie, héhé !

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