Tant d’étoiles dans la nuit ; Charlotte Bousquet

Fiche d’identité ;

Je suis l’oeuvre de Charlotte Bousquet et je suis paru le 9 mars 2016 aux éditions Rageot. Je suis tout juste 224 pages à lire à ton bon plaisir. Si je t’intéresse, tu me trouveras au rayon des romans contemporains, en compagnie des autres drames. Je suis un tome unique, et je me suffis bien à moi-même !
Synopsis ;

Lors d’un festival de rock à Milwaukee, le chanteur Jace D. est victime d’un guet-apens et laissé pour mort. Célèbre pour ses excès et ses conquêtes féminines, Jace est un séducteur. À l’hôpital, où il est plongé dans le coma, défilent Sidney sa guitariste, ses ex-petites amies Blondie et Ellen, des groupies, son producteur… Rivaux, tous entretiennent avec lui des liens passionnés sinon passionnels, connaissent une partie de son passé et sa véritable personnalité. Une à une, les étoiles qui scintillent autour de Jace tentent d’éclairer sa nuit…

Mon avis ;

Comment je me suis retrouvée avec ce bouquin entre les mains ? La belle affaire : j’ai craqué sur le titre, puis sur la couverture, et enfin sur les premières pages. Je devais « juste regarder » et je suis sortie avec deux bouquins, dont celui-ci — et le deuxième tome du Chaos en Marche de Patrick Ness, pour les curieux que ça intéresse. La plume de Charlotte Bousquet m’a tout de suite envoûtée, les premiers chapitres m’ont donné envie d’en savoir plus sur l’intrigue — d’autant que sur la quatrième de couverture, il n’y a pas de synopsis ; juste une phrase : « il y a tant d’étoiles dans la nuit, minuscules diamants, lumières émouvantes » signée Jace D., nom du personnage principal de ce roman. On peut donc supposer, sans trop de doute, que c’est là l’extrait d’une de ses chansons, puisqu’il est chanteur, musicien, et qu’il écrit ses propres textes. En bref, quand on se retrouve avec ce bouquin entre les mains, on ne sait pas à quoi s’attendre. On est pris de court par les premières pages, on ne sait pas dans quelle histoire on va plonger, avec quels personnages, pour quels enjeux ni pour combattre quel mal ; on accroche ou on accroche pas : pour ma part, j’ai mordu à l’hameçon, et je l’ai dévoré l’après-midi même. C’est que c’était grisant, ce saut de l’ange vers l’inconnu.

Dans ma bouche, un goût amer de lassitude et de culpabilité mêlées. J’en ai marre de mentir à ceux que tu détruis. À ceux que tu trahis. Pourtant, je n’ai pas le choix. Depuis le temps que ça dure, nous deux. Depuis le temps que je suis ta complice, prisonnière de ma loyauté.
De mes sentiments.

Pour ainsi dire, si l’intrigue plaît, alors il ne fera pas long feu : on veut savoir la suite, le pourquoi, le comment. Surtout, on veut savoir ce qu’il advient de Jace : mort ou vif, comment s’en sortira-t-il — s’il s’en sort seulement ? C’est toute une ribambelle de personnages qui défilent au chevet de l’endormi, contant les souvenirs passés, les espoirs et les amertumes quant à tout ce qui fut et sera fait. De mémoire, il y en a quatre ou cinq qui gravitent autour de lui, chacun avec leurs questions, leurs reproches, leurs doutes, leurs mots ; chacun avec leur histoire, leur façon de voir Jace, leur façon de le désirer ou de le mépriser. Quelque chose que j’ai adoré à travers ce bouquin : tout est vu à travers les yeux des proches — et moins proches — du chanteur. On le devine, on le découvre comme le voient, comme le veulent les autres, avec leurs idées, leurs opinions, ce qu’ils ont vécu avec lui, ce qu’ils savent à son propos — et le gouffre entre être et paraître s’ouvre sous nos yeux, sous nos pieds à mesure que les pages défilent sous nos doigts.

J’ai… éprouvé beaucoup de choses à l’égard de Jace. Il est charmant, séducteur aux premiers abords ; il aime les femmes et les femmes l’aiment tant qu’elles sont nombreuses à le vouloir dans leur lit — les plaisirs charnels, comme ceux des excès dans la drogue, il ne s’en prive pas. De coups d’un soir en cures de désintoxication infructueuses, le portrait dressé n’a rien d’attirant, il faut l’avouer. Frustrant, fascinant et repoussant : je n’avais que Jace en tête quand je lisais, et même quand je ne lisais pas, alors même que plus j’avançais dans ma lecture, plus je crois que cet homme me dégoûtait. Son comportement, ses mots durs, ses valeurs qui s’effilochaient peu à peu jusqu’à ce qu’il ne soit plus rien de respectable. Et pourtant, en même temps, l’espoir — qu’il s’en sorte, qu’il change, qu’il se reprenne en main ; qu’il lâche ses drogues aussi — ne m’a jamais quittée. Jace me… Je ne suis jamais parvenue à me dire qu’il n’y avait plus rien à sauver en lui : il semblait s’être lui-même perdu de vue, avoir loupé un épisode à sa vie ; je lui ai laissé sa chance, de A à Z, envers et contre tout.

The Nest. J’adore ce genre d’endroit : les gens y viennent se défouler, se raconter ou se connaître le temps d’un slam, d’une chanson, d’un mime, l’ivresse de la célébrité. Certains font ça juste pour le fun, d’autres par conviction politique. D’autres encore pour la gloire, pour se sentir exister. Eux sont faciles à repérer : ils viennent avec des fans, se pavanent, jouent les habitués. Toi, t’étais de cette race-là : un petit branleur arrogant, qui arrivait en terrain conquis, repartait tous les soirs avec une nouvelle fille. Mais tu possédais un truc que les autres n’avaient pas : une présence.

Et si Jace m’a choquée, tant il n’était plus que destruction — et auto-destruction —, Sidney ne fut pas en reste. Sa meilleure amie, sa plus grande complice de toujours. Forte tête, déterminée : je n’ai pas le souvenir qu’elle se soit effondrée, qu’importe la situation et tout son monde qui s’ébranlait autour d’elle. Mais elle aussi m’a choquée, oui, différemment, de façon plus soudaine sans doute, et mon cœur s’est décroché par sa faute. Et pourtant, en un sens, elle est certainement celle que j’ai préféré après Jace. Touchante d’un côté, à l’air invincible et insaisissable de l’autre, le genre de personnages qui ne laissent jamais insensible, sur qui l’on voudrait en savoir chaque fois un peu plus. J’ai admiré son courage, ses épaules suffisamment solides pour supporter encore et toujours les excès et aléas d’un Jace bipolaire qui la torturait, incessamment.

Dire qu’à l’instant, je relis les notes que j’ai prises à son propos à peine ma lecture achevée, et que la première ligne se résume à un « je ne saurais dire si j’ai aimé ou non, tant cette lecture était… dérangeante. » Dérangeant. C’est ce qui me revient à l’esprit à chaque fois que je repense à ce livre — dérangeant oui, mais aussi troublant, suffocant, poignant. Aujourd’hui, j’ai un avis un peu plus tranché sur ce que j’éprouve à l’égard de Tant d’étoiles dans la nuit : je l’ai aimé ; non, pire : adoré. Et c’est encore trop peu.

Vivre dans la misère, je connais. C’est voir ses rêves bouffés par le quotidien. C’est vivre sans autre espoir qu’avoir un peu plus de fric, un peu moins honte d’exister. Et ça, je ne le souhaite à personne.

Il n’a pas été un coup de cœur, mais bien un coup de foudre ; écrit en rouge et surligné en jaune dans mon classeur. Il m’a secouée, il m’a mise mal à l’aise, quelquefois en colère ; j’ai éprouvé de la haine, du dégoût, de la déception et surtout de la rancœur à l’égard de certains personnage. Je me suis prise d’affection pour beaucoup d’entre eux, mais je crois que le plus fort là-dedans, c’étaient les sentiments négatifs qui se battaient dans ma tête, mon cœur et mon bide quand je lisais : je me sentais douloureusement vivante en parcourant les lignes de Tant d’étoiles dans la nuit, et c’était une déchirure sans pareille que de tourner la dernière page et de le fermer pour de bon.

Top & flops ;
c’est top ; une histoire puissante, un coup au cœur, qui prend aux tripes, des personnages forts et explosifs, un roman qui fout en vrac et réveille des sentiments mauvais mais qu’il est terriblement bon d’éprouver lorsqu’on lit, mais ça flop ; il n’y en a pas assez ; j’aurais voulu que ça ne s’achève jamais.
💕⚡ ; coup de foudre
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