Real TV ; Hieronymus Donnovan

Fiche d’identité ;

Je suis l’oeuvre de Hieronymus Donnovan et je suis paru le 8 décembre 2016 aux éditions Storylab. Je suis tout juste 224 pages à faire tourner. Si je t’intéresse, tu me trouveras au rayon des bons vieux thrillers. Je suis un tome unique, et vaut mieux : comme tous mes pairs, j’ai tendance à ne pas laisser beaucoup d’âmes pour une suite…
Synopsis ;

Juin 1993, Machin-les-Mines, Pas-de-Calais Rémi et Arnaud, deux potes, sont excités à l’idée de se lancer dans un week-end sans parents. Tout est prévu : télévision grand écran, Super Nintendo et VHS du vidéo-club (pornos inclus). Leur première partie de Super Mario-Kart commence, avec en fond sonore un peu de Nirvana, quand un événement troublant va venir perturber leur petit week-end tranquille. Les deux ados vont alors devoir faire face, chacun à leur façon, à des événements violents et dérangeants. Ils seront entourés de personnages hauts en couleur : Willy, le black de deux mètres (crête de punk non comprise). Estelle, l’idéal féminin de Rémi et employée du vidéo-club. Mais aussi de Steven Spielberg. Et bien sûr, il y a une fille sexy dans l’histoire. Malheureusement pour elle, il y a aussi un grand méchant.

Mon avis ;

Je tiens tout d’abord à remercier Livraddict ainsi que les Editions Storylab pour ce partenariat et l’envoi de cet ebook. Le synopsis m’avait tapé dans l’œil, je me suis dit sur le coup que ce pouvait être sympa, un petit thriller — bien que je ne sois pas du tout habituée à ce genre littéraire, j’ai songé, pourquoi pas ? Il y a une première fois à tout — sur fond de Mario Kart, Street Fighters et Nirvana, avec deux adolescents des nineties, des références que je ne connais que parce que mes parents en parlent quelquefois avec amusement ou nostalgie — je suis de quatre-vingt-dix-huit, alors, forcément… Je me disais que ce serait un récit assez simple qui me passerait vite sous les doigts, un moment sympathique, un premier pas dans les thrillers et policiers qui ne me ferait pas grand mal, parce que j’ai l’impression de passer à côté de tellement de choses. En plus, j’ai vu les premières chroniques sur le bouquin arriver, enjouées, ravies, et ça n’a que renforcé l’envie que j’avais de le découvrir.

Malheureusement, avec moi, ça ne l’a pas fait. Pas du tout, même. Déjà, j’ai eu du mal avec la narration. J’aime généralement beaucoup les narrations à la première personne, mais là, elle m’a déplue — avec Rémi, du moins. Parce que celle d’Arnaud, j’ai eu tendance à la préférer. C’était le même style d’écriture — assez simple, qui se lisait vite, à la portée de tous et pas vraiment désagréable —, mais j’ai trouvé les réflexions de ce personnage plus mâtures et plus profondes, quand Rémi n’était à mes yeux qu’un sale gamin égoïste et absolument puéril. Là où la narration m’a posée problème, du coup, c’est que je ne voulais pas être dans la tête de Rémi, tout simplement. Il m’énervait. Tout au long du bouquin, il n’a pensé qu’à lui-même, à sa console, à ses jeux, et à aucun moment le sort des autres, pas même de son ami, n’a eu l’air de le préoccuper. Il est mauvais perdant, colérique et égocentrique, ça a eu tendance à me taper sur le système. Heureusement qu’il y avait Arnaud qui, même s’il m’a perturbée, a eu ce petit côté fascinant de celui qui lutte contre certains penchants douteux, qui le sait et se veut, prend sur lui, veut devenir quelqu’un de bien plutôt qu’un monstre dont racontera les méfaits immondes dans les encadrés des faits divers.

Bon, aussi, un petit détail en rapport avec l’écriture et qui m’a souvent fait tiquer, c’est l’usage des « !!! » en fin de phrase, dès qu’il y avait des exclamations. Je ne sais pas s’il existe une règle de grammaire ou quoique ce soit qui les autorise, en tout cas ça m’a dérangée ; j’ai eu l’impression de lire des SMS à la ponctuation douteuse, c’est dommage. A mon sens, s’évertuer à mettre plus d’un point d’exclamation est inutile : le ton doit ressortir au travers de la narration seul, du contexte, des mots choisis par l’auteur dans son dialogue. Pas besoin de fioritures de la sorte, qui m’ont un peu lassée dès les premières pages.

Enfin, pour laisser les détails de côté, et pour me pencher plus avant sur le point central du roman, alias l’intrigue… Je dirais bien pensé, mais pas ma came. Comment dire… Déjà, il y a toute une scène que je n’ai pas pu lire ; on dira âme sensible, mais il faut croire que j’ai l’imagination plutôt efficace lorsqu’il s’agit de se représenter le pire lorsque je le lis. Des histoires de bains de sang et de doigts coupés, très peu pour moi… Finalement les thrillers, c’est peut-être une mauvaise idée. Enfin, encore, c’aurait pu passer, si seulement la suite avait été crédible. Je ne sais pas, j’ai trouvé que ça sonnait faux ; comment on peut être couvert de sang des pieds à la tête et ne même pas réagir, ne même pas être choqué, ne même pas chercher à tout prix à s’en rincer ? Le type passe facilement plusieurs heures à déambuler, carmin et poisseux, et il s’en fiche. Ce type a seize ans. Juste, comment ? Et son pote n’est d’ailleurs pas beaucoup plus réactif… Aucun des deux n’est choqué par ce qu’ils ont vu, alors qu’on ouvrirait sûrement une cellule psychologique pour tous les présents dans la réalité. Bref, je ne sais pas, j’ai trouvé un petit — grand — manque de cohérence aussi.

A la fin du bouquin, même constat avec un personnage qui a vécu le pire du pire et qui cille à peine. J’ai essayé, les deux fois, de me dire que ce pouvait être le choc, quelque chose comme ça ; mais, non, je ne sais pas, pour moi qui adore les personnages à la psychologie développée que les événements marquent, hantent et poussent à grandir et évoluer au fur et à mesure de l’oeuvre — en parlant des faits et en tirant des leçons peu à peu à mesure qu’ils se prennent des claques mentales — j’ai été on ne peut plus déçue par ce côté-là du bouquin. Enfin, c’est peut-être qu’il est court, mais j’ai connu des bouquins avec moitié moins de pages et dont les personnages m’ont semblé bien plus crédibles et émouvants.

Il n’empêche que je ne nierai pas que l’idée était assez bien trouvée même si un peu tirée par les cheveux, je trouve qu’elle aurait mérité d’être exploitée plus à fond pour en découvrir tous les tenants et aboutissants ; ce bouquin aurait pu être une bombe de frissons et d’horreur, mais j’ai été déçue. Heureusement qu’il y avait quand même ce petit quelque chose qui faisait que j’avais envie de savoir le dénouement de l’histoire, et aussi mon entêtement à ne pas vouloir laissé inachevé un roman, encore moins reçu dans le cadre d’un partenariat, sinon je l’aurais sans doute très vite abandonné. Enfin, je suis tout de même satisfaite de l’avoir terminé ! Pour conclure, et malgré tout ce que j’en dis et le fait que je sois sincèrement désolée de ne pas avoir su apprécier ce roman, ce n’était pas une lecture détestable, je n’ai pas passé un affreux moment. Le charme n’a juste pas opéré, voilà tout. Il en a cependant conquis d’autres avant moi, et je ne doute pas qu’il trouvera son public ailleurs.

Top & flops ;
c’est top ; une idée originale sympatique, un personnage — Arnaud — à la psychologie qui m’a pas mal intriguée, mais ça flop ; un personnage principal insupportable, une psychologie des personnages quand même beaucoup trop survolée, un manque de crédibilité par endroit et une fin qui me laisse sceptique.
★★½ ; aurait pu mieux faire…
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