Les 5/5, T1 : En équilibre ; Anne Plichota et Cendrine Wolf

Fiche d’identité ;

Autrices ; Anne Plichota & Cendrine Wolf
Editeur ; XO
Parution ; octobre 2017
Nombre de pages ; 280 pages
Genre ; jeunesse, contemporain
Prix ; 16,90€ sur Amazon
Synopsis ;
FAR a 16 ans, c’est une jeune fille surdouée, déchirée entre deux cultures.
MERLIN et TITUS, les jumeaux, sont déscolarisés, ils ont 17 ans et la précarité est leur quotidien.
TOM, 13 ans, acrobate, solitaire et rebelle, ne connait pas le manque, si ce n’est l’estime de son père.
JOHN, enfin, le plus jeune, 12 ans, est un garçon né dans un corps de fille, choyé par ses parents mais incompris du reste du monde.Tous ont quelque chose a prouver, une blessure à soigner. Tous vont se retrouver autour d’une même passion, les sports de la rue, et d’une même quête: la justice.
Le grand frère de Tom, Lip, va leur donner l’occasion de mener le combat. Révolté par le cynisme de son père, qui n’a de cesse de s’enrichir sur le dos des pauvres, il décide de faire des 5/5 un clan, les transformants en robin des bois des villes.
Bientôt, les cinq ados vont mener la vie dure à tous les profiteurs sans scrupules. Sans se douter des dangers auxquels ils vont être confrontés…

Mon avis ;

Je tiens tout d’abord à remercier les Editions XO ainsi que Livraddict pour l’envoi de ce roman dans le cadre d’un partenariat. J’ai été ravie d’être sélectionnée pour lire ce bouquin, dont le synopsis m’avait on ne peut plus intriguée de par la façon qu’il avait de promettre un récit sur la diversité et la tolérance — j’ai été servie.

Je ne m’attendais pas à le lire aussi vite quand je l’ai entamé, mais en vérité les pages tournent toutes seules, et c’est on ne peut plus agréable d’être plongée dans un récit que l’on ne peut pas lâcher, où se mêlent habilement action et émotions, le tout autour de thèmes qui me sont chers : différence, quête d’identité, tolérance, acceptation de soi, rêves, ambitions et un petit quelque chose d’anarchisme et d’anticapitalisme, yeah.

– Désolée, mais nous préférons que les enfants ne se voient plus. Pétrifié, John entendit les talons de Mme Banier frapper le parquet tandis qu’elle regagnait l’entrée.
– J’espère que vous nous comprenez, dit-elle dans une ultime salve.
La porte émit un grincement irritant en se refermant. John entendit alors sa mère marmonner : comprendre quoi, madame Banier ? Que vous êtes incapable de concevoir que la nature puisse se tromper ?

C’était pour ma part, je l’admet, mon tout premier contact avec ces deux autrices qui, j’ai cru le comprendre dans d’autres chroniques, n’en sont pas à leurs premières oeuvres à quatre mains et vingts doigts. J’admire l’exercice : on sent l’alchimie entre ces deux jeunes femmes, qui semblent comme une seule tête pensante comme jamais la rupture n’est visible. Chapeau bas !

Ce que j’ai le plus aimé dans ce roman, ce sont les personnages. Far, ou Farhanaz de son prénom complet, une adolescente forcée sous le joug de son père à se plier aux traditions de leur pays d’origine qu’elle n’embrasse pas, elle qui rêve de glisse et de figures, de sport « de mecs » les cheveux au vent — elle que son père renverra au Pakistan parfaire son éducation si elle n’est pas la jeune alghane parfaite, voilée et dissimulée, sage et discrète. Titus et Merlin, les jumeaux, free runners, dévoués à leur mère qui se tue au travail pour qu’ils aient un toit sur la tête et de quoi se remplir l’estomac dans leur assiette. Lip et Tom, les deux frères victimes du même père qui les méprise, eux et leurs rêves ; faudrait qu’ils aient un « vrai » travail, de « vraies » ambitions et l’envie de bouffer du smicard et du rsaste au petit déj. Et John ; John, le plus jeune, qui pourrait être sans histoire, si seulement il n’était pas né dans le corps d’une fille, pas né « Jade » dans une société encore trop fermée à ces « divergences ».

J’ai aimé qu’ils aient tous cette blessure qui les pousse à se surpasser, à faire chaque fois de leur mieux, cette faille qui pourtant les rend plus forts, plus déterminés. J’ai aimé ces destins liés, et la révolte qui naît de leur rassemblement. J’ai aimé le côté « anarchiste » de l’oeuvre, ce côté Robin des Bois des temps modernes. J’ai aimé le message que le bouquin faisait passer, et la fin qui donne envie d’en savoir plus, parce qu’elle montre les conséquences qu’une rébellion peut avoir, et aussi que rien n’est noir ni blanc, que même vouloir faire le bien n’épargne pas les revers.

Certes, il faut l’avouer : ils ne rencontrent aucune embûche sur leur passage lorsqu’ils s’en prennent aux gros poissons des finances, de l’arnaque et de l’enrichissement sur les pauvres. Leur quête paraît facile, on ne les surprend pas, ils ont la solution à tous les imprévus… Problème récurrent des romans jeunesse, j’ai l’impression ; le manque de crédibilité dès lors que l’ombre d’une difficulté se profile.

– J’en arrive parfois à envier mes amis… ils ont des enfants normaux, eux, avec des ambitions normales…
Lip et Tom encaissèrent en silence, comme toutes les autres fois où leur père avait tenu ce discours. Leur mère, quant à elle, blêmit sous son maquillage impeccable.
– Il y a autant de façons de réussir sa vie qu’il y a de personnes sur cette terre, finit par lâcher Lip.

Si l’on met de côté ce léger défaut, je crois pouvoir dire sans mentir que les autrices signent là le début d’une saga prometteuse, dont je compte bien lire les tomes suivants lorsqu’ils sortiront. Le suspens est à son comble : certains de nos héros sont plongés dans des ennuis dont ils n’envisagent sans doute même pas l’ampleur, des liens se nouent et des souvenirs enfouis refont surface… Bref, tout ça me donne bien envie pour la suite !

Pour moi, c’est une lecture fort sympathique à mettre entre toutes les mains, un page-turner haletant aux héros on ne peut plus attachants ! Petit coup de coeur pour les personnages de John et de Far — qui, il faut le croire, font l’unanimité…

Top & flops ;
c’est top ; les personnages complexes et attachants, l’histoire haletante, le suspens et les rebondissements, la fin qui donne sans conteste envie de lire la suite, mais ça flop ; léger manque de crédibilité, quand même, quand les personnages ne rencontrent aucune difficulté lorsqu’il s’agit de s’introduire chez les gros poissons des finances ou dans leurs bureaux…
★★★★ ; page-turner !
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